Introduction
De plus en plus, les organismes de formations que l’on pourrait qualifier d’accélérer aident quiconque aurait le souhait d’envisager une reconversion. Les exemples sont nombreux dans le domaine du développement informatique et de la programmation en général : Le Wagon, O’Clock, pour ne citer qu’eux. Leurs arguments de vente sont clairs, vous fournir des bases suffisantes pour intégrer ce nouveau monde du développement, un monde en pleine recherche de développeurs.
Ici, il n’est pas question de justifier du bien-fondé de ces organismes que l’on nomme couramment des bootcamp. Ces derniers sont des entreprises et font ce qu’il faut pour générer du chiffre d’affaires. Ce ne sont pas des organismes bénévoles après tout. Ils ont des salariés à payer et des objectifs financiers autre que le simple objectif de vous venir en aide. Il n’est pas non plus question de juger de la qualité des enseignements procurés et de la pertinence de leurs programmes.
Ce que je souhaite aborder au sein de cet article les ami(e)s codeurs, c’est plutôt cet argument du secteur du développement web en recherche de développeurs. Un constat réel, certes, mais formuler quelque peu sournoisement selon moi.
On a besoin de devs ! … d’expérience
Le monde du développement web est clairement en recherche de développeurs. De toute sorte. Dans une variété de domaines et avec des compétences toutes très différentes. Des langages différents tels que JavaScript, PHP, Rust ou encore Go. Des secteurs différents comme le web, les blockchain ou encore les data sciences. J’en ai moi-même fait l’expérience lors de ma recherche d’emploi, ayant eu la possibilité de postuler à des offres d’emploi de tout horizon.
Des offres d’emplois qui d’ailleurs s’avèrent effectivement très nombreuses, renforçant cette idée que le secteur est en recherche massive de développeurs. Mais de développeurs… expérimentés.
Le fait est, qu’aussi qualitative soit cette formation de bootcamp que vous rejoignez, elle ne s’étale que sur quelques mois au grand maximum. Dans un délai aussi court, il n’est clairement pas possible d’acquérir les connaissances que pourrez avoir une personne ayant effectué des années d’études dans le même domaine que vous. Encore moins d’égaler les compétences d’un profil avec plusieurs années d’expérience. Et c’est pourtant face à ces profils que vous allez devoir vous confronter pour espérer obtenir une place au sein d’une entreprise.
J’en ai moi-même fait l’expérience encore une fois. Nombreuse sont les entreprises qui m’ont refoulé avec un tel constat : “T’as l’air motivé et passionné c’est indéniable… mais on cherche un profil avec plus d’expérience, de vécu”. Comment leur en vouloir ? Ma seule arme était de prouver ma passion et mon envie de progresser à travers mes dires et mes projets. Clairement, ce n’était pas de signifier que je savais faire des serveurs avec Express et connecter une base de données Postgres qui allait les impressionner et me faire sortir du lot.
Ma seule solution était donc d’être totalement honnête et transparent. De mettre en avant mon envie de continuer de progresser auprès d’autres développeurs plus expérimentés et de subvenir aux besoins de ma famille. Des armes qui ne pèsent malheureusement pas lourd.
Faire miroiter la facilité, un vrai danger.
Et c’est là que je trouve que le message des bootcamp, par leur tournure voilés, peut être un véritable danger pour des personnes qui s’engagent dans la reconversion. Qui pense que trouver du boulot derrière sera une formalité. Que les bases acquises suffiront pour entrer dans ce monde du travail qu’est celui du développement, car celui-ci est en recherche active de profils comme le leur. Erreur ! Oui, le secteur est en recherche de développeur, mais pas de développeur junior. J’étais (Et je le suis encore) un développeur junior, et mon profil n’intéressaient finalement que peu d’entreprises.
Oh oui, les offres sont multiples, proposant même parfois du télétravail total permettant de postuler dans toute la France. Mais les prérequis en termes d’expérience (je ne parle même pas des compétences) sont souvent bien plus haut que nos quelques mois. Alors on teste, on transmet quand même une candidature en se disant que ça va le faire, qu’avec un entretien, on pourra essayer de prouver notre valeur à notre interlocuteur. C’est d’ailleurs la bonne marche à suivre selon moi. Mais elle résulte dans une grande majorité des cas en un échec.
J’ai eu un contact avec une recruteuse de chez RedLab. Un échange que j’avais trouvé réellement satisfaisant dans le domaine de la data science. Télétravail total, sujet diablement intéressant, bon feeling et caractère qui fit avec le reste du groupe. Ma passion était visiblement communicante. Mais… le télétravail total n’était possible que si j’avais eu un niveau plus confirmé. L’embauche aurait été possible si j’avais eu la possibilité de déménager en Bretagne, mais ça ne correspondait pas à mon projet. Échec. Un des nombreux qui ont suivis dû à mon manque d’expérience.
Pour moi, ces bootcamp ont une vraie responsabilité à avoir. Pas totale, bien sûr. Je sais que cela entre en conflit avec leurs besoins d’acquérir de nouveaux entrants. J’en suis parfaitement conscient. Je sais aussi que la non-réussite d’une recherche d’un poste de développeur n’est pas à leur incomber forcément. Cela peut être dû à un manque potentiel d’investissement de l’élève, lui-même impacté par la découverte au final que ce domaine ne les intéresse pas forcément ou le fait qu’il n’avait pas conscience de l’engagement nécessaire pour apprendre les nombreux sujets de ce domaine. Les raisons sont multiples. Mais ces éléments, ces avertissements, ne sont pas mis en avant dès la prise d’information, ou alors très peu. On parle tout de même souvent de père, de mère, de personnes avec des obligations. A la fois familiale et/ou financière. Se lancer dans une reconversion implique des sacrifices, des objectifs à atteindre avant un certain laps de temps pour la plupart d’entre nous.
Avant même mon inscription pour l’école O’Clock, j’avais pour ma part ciblé mon objectif en fonction de ma situation. Je savais pertinemment que je devais me mettre à fond dans cette formation, sur, et en dehors, pour avoir un profil un minimum intéressant aux yeux des recruteurs à la sortie. Ma fille ainsi que mes indemnités chômage me poussaient à avoir cette réflexion.
Mais ce ne fut pas explicitement mis en avant durant ma phase de prise d’information et mon inscription. Simplement évoqué par l’un des membres de l’équipe le premier jour de cours.
Est-ce possible que certaines personnes aient cru que cette formation leur permettrait sans effort de se faire une place et de réussir leur reconversion sans problème ? J’en suis sûr, et là est le danger.
Difficile, mais pas impossible pour autant.
Encore une fois, cette opinion ne concerne que moi les ami(e)s codeurs. Je n’ai aucun ressentiment envers l’école O’Clock. J’y ai passé une belle période de formation sur un programme intéressant et bien enseigné me permettant d’accompagner mon évolution sur les bases du développement web. Mais je ne peux m’empêcher de penser aux dangers que l’aspect marketing des bootcamp peut avoir, ne mettant nullement la réalité de la difficulté d’une reconversion dans ce domaine en arguant plutôt le contraire, un marché du travail qui vous accueille.
Par chance, difficile ne veut pas dire impossible les ami(e)s codeurs. J’y suis arrivé et je ne suis nullement un génie du développement, bien au contraire. Par contre, je suis un vrai passionné de ce sujet, et j’aime faire évoluer mes compétences.
Si votre objectif est d’obtenir un CDI en sortie de formation, c’est possible. Les entreprises prêtes à miser sur vous existent bel et bien. Mais ne vous voilez surtout pas la face, elles ne sont pas légion. Votre recherche d’emploi s’avérera probablement difficile, nécessitant de réussir à mettre en avant la promesse d’un pari réussi si elles acceptent de miser sur vous.
Je ne saurais que vous conseillez de vous lancer corps et âmes dans votre reconversion. Etre focalisé à 100% sur cela durant votre période de formation afin d’acquérir un niveau suffisant vous permettant de ne pas être en difficulté lors des entretiens techniques avec des membres de l’entreprise notamment.
Par ailleurs, chercher toutes les possibilités d’améliorer votre visibilité. Un profil junior aura probablement besoin de multiplier les opportunités pour trouver la petite entreprise dans cette jungle qui aura envie de tenter le coup avec vous. Pour multiplier ces opportunités, rien de mieux que la visibilité. Je parle en connaissance de cause, ayant eu la bonne idée de réaliser ma veille technologique sur Twitter. Cela m’a permis de me forger une communauté sans laquelle je serais peut-être à l’heure actuelle dans un travail alimentaire, car n’ayant pas réussi à trouver une place. C’est effectivement grâce à eux que j’ai eu accès à de nombreux entretiens. Et c’est effectivement grâce à l’un d’eux que j’ai rejoint la société Apizr dans laquelle je m’épanouis dans mon travail depuis près de 10 mois désormais.
Conclusion
Je ne souhaite en aucun cas vous découragez ou vous effrayez au travers de cet article les ami(e)s codeurs en reconversion. Simplement vous faire prendre conscience d’une réalité quelque peu cachée par ces formations dans un but que je peux comprendre d’un point de vue purement commerciale. Si vous avez trouvé la voie qui vous plaît, foncez ! Kiffez ! Mais posez vous et réfléchissez à ce qu’implique cette reconversion pour vous, votre entourage et votre situation. Car cette aventure que vous entamez est loin d’être un fleuve tranquille. Et vous allez devoir vous battre pour ouvrir les portes. Croyez plutôt moi qui n’a rien à gagner à vous dire cela plutôt que les bootcamp.