Parfois, la pression nous emporte loin, très loin. Elle nous consume au point de ne plus prendre conscience des autres aspects de notre vie. Et quand celle-ci est couplée à des obligations de réussite, l’ensemble peut amener à des conséquences non-négligeables. C’est ce qui m’est arrivé lors de ma reconversion les ami(e)s codeurs, et je pense qu’il est important de partager mon expérience avec vous.
Lorsque j’ai décidé de me lancer dans ma reconversion, les données étaient limpides. Ma compagne était autoentrepreneuse d’une boutique manquant cruellement de visibilité et s’occupait de ma fille de seulement quelques mois. De mon côté, mes indemnités chômage arrivaient bientôt à leur terme et nos économies n’étaient guère conséquentes. L’objectif était alors de réussir à terminer une formation de 6 mois chez O’Clock, dont la 2e moitié ne m’était pas accessible faute de moyen pour la financer, et de trouver un employeur prêt à m’embaucher directement par la suite. 3 mois. C’était mon temps imparti. Ça pouvait paraître fou…
Et pourtant, ma compagne n’a pas hésité une seule seconde à me donner sa réponse. Fonce ! Réussis cette reconversion et trouve un boulot qui te fait te lever le matin avec le sourire. Une confiance absolument aveugle envers moi.
Mais c’est probablement aussi cette pression de résultat pour moi, pour ma famille, pour notre avenir, qui m’a poussé dans l’engrenage. Une pression que je me suis mise tout seul finalement. Ni O’Clock, ni ma compagne ne m’ont fait comprendre que j’étais dans un état de risque. Après tout, il y a toujours des solutions. Mais dans ma tête, l’échec était impossible. L’échec signifiait le début des difficultés.
C’est cet état d’esprit qui fut le commencement, le déclencheur de la suite. Car avec sans cesse cette épée de Damoclès qui me semblait au-dessus de ma tête, je me suis mis la pression. Et je n’avais dès lors plus qu’une seule chose dans ma vie : la programmation et le web.
Le pire dans tout cela, c’est que l’on ne s’en rend pas compte au départ. On a simplement l’impression de s’investir dans sa formation, de profiter au maximum des enseignements. J’étais à la maison, ma femme était là à mes côtés, s’occupant de ma fille quand je n’étais pas disponible. Tout cela semblait fonctionner comme sur des roulettes.
Mais le fait est que finalement, peu à peu, jour après jour, je m’enfermais dans ma bulle. Une bulle où seule la programmation et le web avaient leur place. Une bulle où même ma fille de seulement quelques mois et ma compagne n’avaient plus leur place. Oh, elles étaient là, à mes côtés, mais je n’avais plus d’interactions avec elles ou presque. Tel un vrai bourreau de travail, je me levais en avance pour réviser, suivais les cours de la journée et effectuer les travaux pratiques l’après-midi. Je ne m’arrêtait que pour manger, et même ça, je le faisais devant mon écran d’ordinateur. Le soir, tandis que ma fille s’était endormi sans moi, ma compagne regardait un divertissement, seul, alors que je continuais à pratiquer jusqu’à tard le soir, la rejoignant parfois alors qu’elle aussi s’était endormie sans moi ou la laissant traiter ses crises d’anxiété seules…
Cela ne me plaisait guère. Mais après tout, comment pouvais-je espérer être à un niveau employable en seulement 3 mois si je ne m’obligeais pas à une rigueur aussi importante ? Comment ? Le point culminant de ma bulle, c’était cela. C’était devenu mon quotidien. Un quotidien au rythme qui me fatiguait aussi de plus en plus.
Et ce quotidien aurait pu durer encore longtemps si je n’avais pas une compagne formidable. Une épaule, un soutien. Celle-ci a eu les bons mots. Elle a su mettre en avant les choses qu’il fallait pour me remettre sur le droit chemin. Pour me faire relâcher cette pression. Car c’est cette pression qui a créé cette bulle, celle qui est naît de mon envie de subvenir au besoin de ma toute récente famille.
Pendant un court laps de temps, j’ai délaissé ma famille, celle pour qui je devais me lancer dans l’aventure au départ.
Je n’écris pas ces mots dans le but de dénigrer ou mettre en avant les dangers des formations de quelques mois ou encore O’Clock. Encore moins pour dissuader quiconque de se lancer dans une reconversion. Au contraire, ce fut en fin de compte une magnifique expérience.
Si j’écris ces lignes, c’est tout simplement pour humblement vous faire part de mon retour d’expérience les ami(e)s codeurs. Être passionné, c’est génial. C’est une sensation tellement grisante. Être motivé, c’est superbe. Mais arrive parfois un temps où l’on pense que l’on est toujours guidé par elles alors qu’en fait, c’est une tout autre sensation qui nous guide, une sensation malsaine : la pression.
Il est inutile de te mettre la pression l’ami(e) codeur. La formation ou le travail autodidacte que tu fais sont déjà les bons chemins que tu suis vers la ligne d’arrivée qu’est la reconversion. Tu ne peux de toute façon pas espérer être prêt pour un nouveau métier en 3 mois que d’autres apprennent en plusieurs années. Tu as le droit de respirer, de faire autre chose. Personne ne te demande de mettre les autres aspects de ta vie au placard pour espérer réussir. Si quelqu’un t’offre ta chance un jour, c’est aussi parce qu’il aura vu surtout to potentiel à travers ta motivation et ta passion.
Ne faites pas la même erreur que moi. Profitez de votre parcours, mais sans oublier de prendre soin de vous, de vos proches qui vous sont chères. Soufflez un bon coup, pas de pression. Si c’est vraiment ce que vous souhaitez, alors vous allez y arriver.